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SAMARCANDE, PAS PROPRE ET MOI





Quand je suis arrivée sur Samarcande, hier, la première chose que j'ai fait a été de me diriger vers le Régistan.


Je ne pouvais pas attendre pour le voir, j'en rêvais.


La place du Régistan, qui veut dire "place sablonneuse" en Persan, a été le centre névralgique du commerce de la route de la soie.


Le moindrement que tu es un peu fan d'histoire, tu comprends toute l'importance qu'a tenu l'Ouzbékistan au fils des siècles.

Ce pays-là a vécu 1000 vies.


De l'empire Turc, Perse, Mongol à une République soviétique de l'URSS puis a un pays indépendant depuis le 31 août 1991, l'Ouzbékistan regorge de culture et d'éléments historiques des plus diversifiés.


La ville de Samarcande est simplement grandiose et le Régistan encore plus prodigieux que ce que je m'imaginais.


Je suis donc assise sur les marches du Registan, en train de verser une larme devant les médersas ( j'étais fatiguée pis bin émotive, laisse moi une chance ! ) quand je sens un poid et le feeling de deux pattes dans mon dos.

Je me lève aussitôt et je regarde derrière moi.

Un chien.

Il me regarde avec un air mi- joueur, mi- j'ai faim.

Il a l'air jeune mais on voit tout de suite qu'il ne l'a pas eu facile.

Il a la queue en lambo, le poil qui ne pousse plus et il se gratte un peu trop souvent...


On va se dire les vraies affaires, y'a pas l'air propre.


Un 4.5 /10 sur l'échelle de la santé.

Un 2/10 sur celle de l'esthétique.


Je fais partie de ceux qui croient que, dans la vie, les rêves sont faits pour être réalisés, mais si ce chien-là avait comme rêve de gagner un concours canin, il serait l'exception à la règle du "tout est possible".


- Ah ! Mon pauvre bébé d'amour ! Tu veux jouer, t'as faim ?


Si tu t'adresses à un chien errant avec un peu d'amour, t'es faite.

Il va te suivre.


Je prends mon cell et je google l'épicerie la plus proche.

Elle est a à peine 400 mètres.


-Viens t'en mon amour, on va aller t'acheter à manger. Pauvre tite bête !


Il me suit jusqu'à l'épicerie où j'achète un sac de croquettes pour chien.

Je vais m'asseoir au parc et je lui en donne.

Il mange et il se couche près de moi.


- T'es content ? T'es magané mon babe, mais t'as juste besoin d'un peu de love...


Du moment où je lui ai donné à manger, je savais que ce chien-là allait me suivre partout, il fallait donc que je lui donne un nom.


Je trouvais que Pas Propre était de circonstances.


- Viens Pas Propre, je suis fatiguée, je retourne à l'hôtel.


Il me suit jusqu'à mon hébergement.


Je me suis louée une chambre dans un petit gîte hyper sympatique.

Le proprio, Dimitri, est un grand gaillard aux traits russes très prononcés, d'une quarantaine d'année.

Il a les cheveux bruns coupé très court, il doit faire au moins 6 pieds, il est tout de lin vêtu et il sent beaucoup trop fort le parfum.

Il parle russe ainsi qu'environ 12 mots en anglais qu'il prononce difficilement.

Il est divorcé, il a 5 frères, 3 enfants, il est originaire du Kazakhstan et il veut coucher avec moi ou toute autre personne possédant un organe génital féminin.


Là tu te dis peut-être : " My god, t'as compris tout ça avec ses 12 mots d'anglais ? "

Ouais bin, c'est qu'en plus du Russe et de ses 12 mots in english, il parle aussi couramment le "Dimitri en rute" dont je connais les notions de base.


Bref, beau brun est à l'extérieur quand j'arrive avec mon Pas Propre.


Il me regarde en haussant les sourcils et en pointant mon compagnon.


-Friend ?


- Ah, Yes, it's Pas Propre.


Et là, sans que je ne m'y attende, le moment le plus délicieux de ma journée s'est produit.

Dimitri, avec toute la beauté et la dureté de son accent russe de dire :


- PÔPRÔPE ?


J'éclate de rire et je lui dis :


-Yep ! Pas Propre !


Évidemment, je ne voulais pas de Pas Propre dans ma chambre mais Dimitri l'a laissé dormir dans la cour intérieure pour me faire plaisir.


Ce matin, à mon réveille, je suis sortie de ma chambre et Dimitri m'a dit :


- Pôprôpe. Wait. You.


Je me suis dirigée vers la cour intérieure et mon Pas Propre était là, beaucoup trop heureux de vivre, à m'attendre.


On est donc partie à l'aventure ensemble et on a parcouru la ville .


Pas Propre et moi, on a quand même fait 22 km de marche aujourd'hui.

A chacune des visites d'intérieure, il m'a patiemment attendu à l'entrée.

On partage plein de choses lui et moi dont tous mes commentaires impertinents sur la façon que les Ouzbek ont de conduire comme si c'était l'apocalypse, beaucoup de nourriture et probablement, maintenant, quelques unes de ses maladies de chien de ruelles.


On s'aime bien !


Demain, on a tout un programme qui nous attend, on a encore beaucoup de visites à faire mais je vais devoir le préparer mentalement à mon départ...


J'ai vraiment hâte de voir la tête de Dimitri quand je vais lui laisser le sac de croquettes et lui dire : Pôprôpe is your's now. Take good care of him !


Ça me fait penser que peut-être bin que je suis dû pour rencontrer quelqu'un au lieu de prendre des chiens errants comme compagnon de voyage.


Oh well, we'll see...

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