top of page
facebook.png

DOOR TO HELL





Une fois les portes du royaume ouvertes devant moi, je me suis retrouvée devant un désert dans lequel se trouvait un pick-up blanc, un homme et une jeune femme qui secouait une pancarte où mon nom était inscrit.

Elle s'est présentée et m'a dit qu'elle avait été mandatée pour être ma guide durant mon séjour. Guvanch, celui avec qui je communiquais et qui devait jouer ce rôle, avait eu un empêchement familiale.

Zoey a 33 ans, elle a des traits asiatiques très prononcés.Comme toute bonne turkmène, elle est totalement dédiée à son invitée : moi !( Elle m'appellera "My guest" durant 4 jours).

Elle parle 8 langues ( ouin, 8 ) en plus d'un petit peu de français.

Elle fait clairement partie de la classe élite du Turkménistan.

Zoey et notre conducteur m'accueillent, me font prendre place à bord du pick-up et me disent que nous avons une longue route à faire pour atteindre le cratère de Darvaza.

Je ne demande pas combien de temps et ils ne me le mentionnent pas non plus.

Je sais que je dois traverser le pays en entier du nord au sud.

J'avais vu 400km et des poussières sur google.

Je m'étais dis, bah...5-6heures de route.

C'T'À CÔTÉ !

Ça en a pris 11.

Les 11 heures les plus pénibles de ma vie.

La condition routière au Turkménistan est lamentable, désastreuse, CATASTROPHIQUE !!!

Les autoroutes sont encore en terre/sable.

Il y a des trous PARTOUT, des affaissements, des accidents..

Bref, c'est pas cool et c'est dangereux.

À partir du moment où ça a fait 5 heures, j'ai commencé à demander : "Are we there, yet ?".

Ce à quoi on m'a répondu, à 6 reprises : environ 1heure encore...

Nous nous sommes quand même arrêtés en chemin à quelques reprises.

La première fois, dans un petit dépanneur, pour des bouteilles d'eau et des fruits.

En entrant dans le commerce, j'ai regardé les produits et j'ai demandé à Zoey, en pointant un sac de noix : "J'aimerais acheter ceci, vous pouvez demander combien ça coûte ? "

Elle a parlé à la commis, m'a regardé et m'a dit : " Prends, c'est gratuit ! "

J'ai insisté pour payer mais on a refusé.

Au deuxième arrêt, on m'a fait cadeau d'un melon et d'un bracelet.

Au troisième arrêt, le restaurateur a refusé de me faire payer mon repas.

Je commençais à trouver ça suspect et me dire :

" D'après moi, au prix que j'ai payé pour être ici, ils m'ont vendu le pays pis j'm'en suis pas rendu compte. Faudrait bin que je regarde les petits caractères dans le bas de mon contrat, mais j’ai pas de connexion internet…"

Je commençais à m'inquiéter. J'pouvais pas garder ça, ce pays là ! J'ai déjà une job à temps plein, moi ! Je peux pas en plus gérer un pays totalitaire.

C’est de la job gérer ça, du monde pas libre.

Ça besoin de se faire dire quoi faire tout le temps…

Épuisée juste d’y penser !

J’étais sur la banquette arrière du pick-up, à me faire shaker pis à me demander à qui je pourrais bien revendre mon Turkménistan quand Zoey m'a ENFIN annoncé que nous étions arrivés au cratère.

Il était presque minuit.

Tout de suite en le voyant, au loin, la fatigue et la frustration des accablantes 11 heures de route se sont évaporées.

Il est spectaculaire. Impressionnant. Unique.

Le cratère de gaz de Darvaza est un étrange phénomène.

Personne ne peut dire avec certitude ce qui a provoqué sa création.

La version faisant le plus d'adeptes est celle de scientifiques qui, en 1971, auraient percés une poche de gaz alors qu'ils réalisaient des forages pour trouver des gisements de pétrole.

Le sol se serait affaissé créant le cratère.

70 mètres de diamètre, 30 mètres de profondeur.

Quand ils se sont aperçu que du gaz s'en échappait, ayant peur que celui-ci soit toxique, ils ont trouvé que c'était une bonne idée de sacrer le feu dedans, pensant que le gaz allait brûler et le feu s'éteindre quelques semaines plus tard.

Ils avaient grandement sous-estimé la quantité contenu dans celui-ci.

Le feu brûle encore intensément,aujourd'hui, 50 ans plus tard ce qui lui a valu le surnom "Door to Hell" , la porte de l'enfer.

Après 1h30 près du cratère (où il y a des clôtures de sécurité que personne ne respecte) à le prendre en photo, à me faire des selfis pis des vidéo sous tous les angles, Zoey me dit :

- On devrait peut être se rendre à notre yourte maintenant.

- Il me semble que je passerais la nuit ici...c'est siiiii beau !

- Non, ça fait 1h30 qu'on est là, nous devons quitter. Le gaz qui brûle dans le cratère est toxique et excessivement nocif pour la santé.

Je la fixe avec un regard de

"C'est là que tu me dis ça??? Après que j'aille passé 1h30 la face dedans??? "

Baon...

J'imagine que si je calcule cette heure et demie là, combiné à 2 jours à Tchernobyl en 2019 et plusieurs heures cumulées dans des smoking room d'aéroports, d'après moi, j'ai un bon 3 à 5 ans d'espérence de vie qui vient de s'envoler.

Yolo, sti !

J'espère vraiment que j'ai pas acheté le pays, j'serai jamais capable de le revendre... Méchant vice caché !!!

On s'est alors dirigé vers notre yourte où nous avons eu une très courte nuit d'environ 4h de sommeil.

Le matin, très tôt, nous sommes retournés rapidement au cratère pour y voir le levé du soleil avant de reprendre la route vers Ashgabat dont je te parlerai prochainement..

*Je suis maintenant de retour à la maison, depuis hier soir

Pas fâchée de retrouver mon confort, mettons !

Kommentare


bottom of page