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LA FOIS OÙ J'AI DÛ PRIER ALLAH DANS UN AVION




Pour me rendre du Koweït à Samarcande, j'avais réservé avec la compagnie Jazeera airways.

C'est un low cost du Koweït.


J'avais dû les appeler directement pour réserver ma place à bord car il n'accepte pas les cartes canadiennes en ligne.


Jazeera a son propre terminal à l'aéroport du Koweït.

Terminal 5.

Que les vols de cette compagnie.


En arrivant au comptoir d'enregistrement, je présente mon passeport.

L'employé, qui semble sous le choc, me demande mon billet.

- I don't have e- ticket, I only have an email, a proof of payment.

- who booked you on this flight?

- your call center...

- oh...ok. We usually only have people from the middle east on our flights.


Il prend mon passeport et va voir sa collègue.

Il revient et me demande si j'ai besoin d'un visa pour aller en Ouzbékistan.

Je lui réponds que non, les citoyens Canadiens ne requièrent pas de visa vers l'Ouzbékistan.

Il me dit qu'il va me faire confiance mais que si jamais je suis refoulée aux douanes, ils ne me ramèneront pas.


Arrivée à la porte d'embarquement, je constate la "crowd" de mon vol.

Que des hommes.

La moitié porte toute le même gilet brun qui indique " Tajikistan" et la balance, un gilet bleu où l'on peut lire " uzbek" .


À ce moment là, je me dis : "quel dommage que je n'ai pas de chandail Roots marqué Canada dessus! Avoir su ! "


On appelle les passagers à l'embarquement.

Je me mets en ligne.


Un des hommes pose sa main sur mon épaule, me fait un large sourire et me dit : " Ruski ? "

-Ah, no, sorry, I don't speak Russian!

-Arab ?

-No. I'm so sorry. English or French.

Il regarde les autres hommes dans la file et leur dit : "English, English?"

Ils font tous un signe " non" de la tête, un peu débinés.


La file avance bon train , je sors alors mon passeport et ma passe d'embarquement.

Le même homme me le prend des mains, le regarde , le lève au bout de son bras et crie à tout le monde dans la file : "Canada! Canada! "

Et j'entends, à l'unisson, un : "Ahhhhhh...Canada...."

Ils étaient simplement curieux de savoir d'où je venais...


Je prends place à bord.

Siège 12D.

Consignes de sécurité en russe et en arabe.


L'avion se met en route vers la piste de décollage.

Comme toujours, l'avion arrête devant la piste avant d'entamer son sprint de décollage.

Le pilote prend le micro et j'entends : " Allah akbar ! Allah akbar ! Allah akbar !"

que les passagers répètent alors également à trois reprises.


Mon voisin du 12E me regarde avec un air inquisiteur.

Je ne fais rien.

Je ne dis rien.

Je ne bouge pas.


Moi, j'ai été programmé pour avoir peur quand quelqu'un crie " Allah akbar" dans un avion...

Laisse moi deux minutes !


Le pilote commence à réciter une prière.

C'est une première pour moi.

Je suis dans un avion et le pilote prie Allah au micro avant de décoller.

Je sors mon cell pour en filmer un petit bout mais je vois que ça ne fait pas l'affaire de mes voisins de sièges.

Je referme mon cell.

Fin de la prière.


Encore une fois, à trois reprises "Allah akbar".


Mon voisin du 12E me donne un coup de coude et me lance un regard, vraiment sympathique ( sans aucun sarcasme ) de " Enwaye qu'est-ce t'attends ? "

Je le regarde, incertaine, et je dis :

"Allah akbar ?"

Ce à quoi il me répond avec un air satisfait de : "Baon, y'était temps ! "


J'espère que Jésus ne sera pas fâché...


Le pilote reprend le micro, parle rapidement en arabe et ensuite j'entends :

" And for the only person speaking english onboard, please fasten your seatbelt, we are about to take off."


WOW.


J'me suis sentie vraiment unique et un peu beaucoup dans un twilight zone, itou.


Durant le vol, je n'ai pas eu le droit de manger la même chose que tout le monde.


Les hommes ont mangé un sandwich à je ne sais pas quoi et moi, ils m'ont amené un ramen instantané au poulet.


4 heures plus tard, me voici maintenant à Samarcande, en Ouzbékistan !


N.B. Les gens sont d'un accueil pas croyable, ici. Ils sont souriants, patients, amicaux et pour être honnête, ils me traitent littéralement comme une reine.

J'haïs pas ça, j'pense j'vais déménager !

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