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L’ATTAQUE AU HENNÉ





Suivant ma visite du musée en avant midi, mon plan de match était d’aller visiter le quartier Khân-Al-Khalili, connu comme étant le plus vieux quartier islamique du Caire.

On y retrouve plusieurs marchés, la mosqué Al-Hazar, des ruelles de street food à profusion et une architecture fabuleuse.

C’est une section de la ville qui est hyper agitée, toujours en mouvement.


Je me promenais dans des ruelles très étroites et labyrinthiques quand éventuellement, après quelques tournant, je me suis rendu compte que j’avais pris l’embranchement d’un cul de sac. Au début de la ruelle, deux femmes m’avait demandée ( lire harcelée ) si je voulais un tattoo au henné.

« Lala, Shukran » ( ça veux dire non merci. Je l’ai appris super rapidement en arrivant, j’en ai besoin souvent ! )


Quand je suis arrivée au bout du cul de sac, alors que je m’apprêtais à faire demi-tour, 3 femmes m’ont littéralement encerclée.

J’ai reconnu les 2 femmes au henné.

Je leur ai fait signe, à nouveau, que non, je ne voulais pas de tattoo.

Et là, ne me demande pas comment s’est arrivé, elle se sont mise trois sur moi à commencer, SANS MON CONSENTEMENT, à me barbouiller les deux mains avec leurs tubes d’encre à marde.

J’étais incapable de fuir.

Il n’y avait pas d’issu.

Je me suis débattu comme j’ai pus, mais elles étaient trois contre moi.

Plus je me débattais, plus je voyais le noir s’étendre partout sur mes mains.

Tu peux voir mes traces de luttes sur la photo...


Après quelques minutes j’ai lâché prise.

Je n’étais quand même pas pour commencer à crier à l’aide en plein Caire parce que je me faisais barbouiller…


Je les ai laissé faire pour limiter les dommages, en les fusillant du regard. ( elles ont tout beurré mon chandail d’Iron Maiden, en plus… Oui, j’ai mis mon chandail d’Iron Maiden. Tu te souviens que je n’ai plus de valise, right ? J’avais le choix entre ça ou un chandail qui pue donc j’ai préféré ne pas aider ma cause en aillant l’air d’une dévergondée, plutôt que de puer.)

-5 USD, madame, 5 USD.

Je leur ai donné 100 livres Égyptienne.

J’avais bin trop peur qu’elles décident de me tatouer une croix gammée dans le front si je ne leur donnais pas !


Suivant mon agression au henné, je commençais à en avoir mon truck du constant harcèlement de Khân-Al-Khalili.

Je suis aller m’asseoir dans un café.

Ça devait se voir dans ma face, que j’étais un tantinet à boutte parce que le serveur du café m’a dit :

-Come, i’ll give you a quiet spot.


Je l’ai remercié et j’ai commandé un thé.


Après quelques minutes, il est venu s’asseoir avec moi.

J’pense qu’il a senti que la journée avait été un peu rough.


J’aime beaucoup le Caire, mais je dois admettre qu’en tant que femme voyageant seule, c’est une destination plus difficile.

Je le savais, j’étais préparée, mais dans mon monde de licornes j’espérais que ce serait moins pire que ce qu’on m’avait dit.

Je ne veux pas ternir la réputation de l’Égypte, ou la dépeindre de façon négative, mais le fait est que pour une femme seule, le Caire, c’est une agression CONSTANTE.

Ça n’arrête jamais, dès que tu mets le pied à l’extérieur de l’hôtel.

De plus, je suis en basse saison, il n’y a vraiment pas beaucoup de touristes, donc ça se regroupe autour de moi assez rapidement.

Demandes en mariage ( je dois en avoir reçu une bonne douzaine aujourd’hui ), commentaires disgracieux, menaces de viol, regards accusateurs…name it.

Si j’avais pu faire un vœux, aujourd’hui, ça aurait été celui d’être invisible.


Bref, le jeune serveur est venu s’asseoir près de moi, il a regardé mes mains et il m’a fait une face de dédain.

- I know. I’ve been attacked !

Il a ri.

- Yeah, they do that all the time. Come with me.


Il m’a pris par la main et il m’a amené dans les cuisines de son café.

Il a coupé deux citrons, a fait couler l’eau du lavabo et pendant 5 longues minutes, il m’a frotté délicatement les deux mains avec du citron pour faire partir le plus d’encre possible en me disant « Dont worry, it’s going to be fine. You look pretty anyway » et pendant qu’il me frottait les mains sous l’eau qui coulait, mes yeux aussi se sont mis à couler.

Il m’a regardé et il m’a dit :

- It’s all good. Cry now, but never show your weakness in the street, ok ?

-I wont.


J’avais besoin de ça, aujourd’hui, de quelque chose de doux pis de gentil.

De montrer ou de dire à quelqu’un : « tu sais quoi ? LÀ, présentement, je ne me sens pas pantoute comme un roc capable d’encaisser. Je me sens fucking vulnérable pis j’ai besoin de « love ».

Du "love", y’en a tellement plein de sorte pis plein de façon d’en donner.

Cet après-midi, mon « love » s’est passé dans la cuisine d’un café, sous un lavabo avec 2 citrons.


Je suis retournée à ma table, lui à ses clients.

Je lui ai éventuellement demandé la facture, il m’a dit que je ne lui devais rien et il m’a demandé en mariage en blaguant.

Je lui ai dit que je préférais grandement payer mon thé, mais il a tout de même refusé.

J’ai pris un taxi et je suis revenue à l’hôtel.


P.S : ma valise m’attendait dans le lobby à mon arrivée ! JOIE !

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