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SAINT MARTIN ( pas l'île, le gars)




Saint Martin, il est omniprésent à Mendoza.

Que ce soit sur les noms de rues (Avenida San Martin, Calle San Martin), les noms de parc ( parque San Martin, plaza San Martin), les noms de commerces et de restaurants; il est partout !


Ça fait qu'à force de me promener et de constamment voir son nom, je me suis mise à me demander : Coudonc, c’est qui ça, Saint Martin ?


Un soir, j'ai ouvert Google pis j’ai tapé : Qui est Saint-Martin ?

Ce à quoi Google a répliqué : "Essayez plutôt : Où est Saint-Martin."


Faut croire que les recherches hagiographiques sont moins populaires que celles des destinations vacances.


Armée de persévérance, j'ai finalement obtenu résultat à ma demande, pour m'apercevoir que des Saint Martin, y'en a 3.


Auxquels des trois on faisait référence ici, à Mendoza, m'était totalement inconnu.


Prise d'un sentiment de mission divine , j’me suis dit: qui de mieux placé que m’sieur l’curé pour m’en informer.


Faque je me suis rendu à l'église Sagrado Corazon, qui est juste derrière chez moi, 15 minutes avant la fin de la messe de midi ( ouin, c’est à midi, ici, la messe),dans l’espoir de le rencontrer pis de lui demander.


Je m'étais dit que j'allais attendre à l'extérieur que la messe se termine, mais à mon arrivée, les deux immenses portes de bois étaient grandes ouvertes laissant percevoir une église pleine à craquer.


Je me suis approchée.

Un homme m'a gentiment fait signe d'entrer.

Je me suis tenue debout, à l'arrière, avec tous ceux qui n'étaient pas arrivés assez tôt pour obtenir une place assise.

J'ai analysé ce qui se passait autour de moi.

Le portrait était légèrement chaotique.

Des gens partout.

Des enfants qui courent entre les rangées, une chaleur insupportable, mais une foule qui boit littéralement les paroles de celui qui s'adresse à eux.


Je regarde devant moi pour voir le principal intéressé.

C'est un bébé-curé.

Il doit être dans la mi-vingtaine.


À son apparence physique, on voit clairement que c'est un "nativo", un homme issu des premières nations.


Sous sa soutane on peut entrevoir des adidas gazelle.

Il a un sourire fendu jusqu'aux oreilles, il fait rire son auditoire, il chante.

Il dégage quelque chose de fondamentalement bon.

Il réussit clairement à exceller là où beaucoup échouent : démocratiser les bondieuseries.

À la fin de la messe, la foule l'applaudit.


Il y avait très longtemps que je n'avais pas mis les pieds dans une église, mais je ne me souviens pas que ce soit chose courante, contrairement à quand un avion de Transat atterrit à Cancun ( faut que t'arrêtes de faire ça), d'applaudir monsieur le curé à la fin d la messe.


On sent que sa paroisse trippe dessus.

Le gars est sur son "X" et ça se voit.

C'est rare de pouvoir dire qu'un jeune homme dans la mi-vingtaine est sur son "X" parmi le clergé en 2024, mais pour lui, c'est indéniable !


J'attends que l'église se vide pour m'adresser à lui avec mon google translate à la main.

-Monsieur le curé, pourriez-vous m’indiquer auxquels des 3 Saint Martin sont dédiés tous les noms de parcs, de rues et d’avenues de Mendoza ?


 Il me regarde d'un air étonné, me fait un large sourire, hausse les épaules et me donne une réponse des plus surprenantes :

 - Huuuum... Lequel tu préfères ?


Je ne m’étais jamais vraiment attardée à avoir un Saint favori.

Je ne m’y connais pas tellement en Saint.

C’est pas mon truc, la religion.


Si j’avais à en choisir un vite vite de même, ce serait probablement Saint Antoine parce que ma mère dit qu’il aide à retrouver des affaires quand on les perd, mais les Saint Martin, je ne connais pas leurs utilités respectives…aucune préférence !


Y’a vu dans ma face que j’avais une indifférence totale envers les Saint Martin.

J’ai vu dans la sienne que lui aussi et qu’il n’avait aucune idée d’en l’honneur duquel des trois on avait nommé les rues pis les parcs de Mendoza.


Je ne veux rien prétendre , mais j'pense même que je lui ai appris drette-là, qu'il en existait plus qu'un.


J'ai ri, je l’ai remercié pis je suis repartie bredouille, sans réponse à ma question.


Mais je suis un peu freak et je me suis mise à lire sur la vie des 3 Martin maintenant Saints. ( Tu vois que j'ai des grosses soirées...)


Il s’avère que le premier n’est même pas Saint pour de vrai. Les argentins l’ont proclamé Saint parce qu’il a libéré l’Argentine des hispaniques, dans les années 1800, mais c’est pas « Vatican approved » comme statut.


Le deuxième était péruvien et il parlait aux animaux, en particulier aux rongeurs. Semblerait-il qu’il bottait vraiment des culs dans le dialecte souris et animaux de la ferme. Il a vécu dans les 1500.


Et finalement, le troisième était français. C’est le premier Saint-Martin, il a vécu dans les années 300. Faque j’ai décidé que par respect pour les aînés, ça allait être celui-là même si j'me doute que tous ces honneurs doivent probablement être dédiés à Martin-le-faux-saint-argentin.


Je te raconte le premier Martin, vite vite:


Dans les années 300, y’a un dude qui s’appelait Martin qui s’est enrôlé dans l’armée romaine.

Un soir d’hiver, il a vu un mendiant qui lui a dit qui faisait pas chaud chaud, à coucher dehors.

Ce Martin-là, contrairement à un autre que je connais, n'était pas du tout tapette face au frette ( c’est une référence musicale, va voir ça sur youtube, Vas-y-Line, Face au frette! ) faque il lui a donné son manteau avant de retourner chez lui.


La nuit suivante, le Christ lui apparaît ( rien de moins ! ) :


- Yo ! Martin ! Je te stalkais hier, pis je t’ai vu donner ton manteau à un pauvre. C’était beau, ça. Je cherche du monde comme toi pour faire partie de ma gang, ça te tentes-tu ?

- Euh. Ça dépend… Ça implique quoi, faire partie de ta gang ?

- Ah c’est super facile, t’as juste à répandre la bonne nouvelle !

- Cool, cool. Pis c’est quoi LA bonne nouvelle ?

- Notre concept marketing est pas tout à fait au point encore, je te reviendrai plus tard avec ça, mais ça va aller main dans la main avec quelque chose qui va ressembler à : « Dieu est amour », « Aimez-vous les uns les autres » , le pardon pis plein de belles affaires…

- Hum…ok…tant que c’est positif.

- Ouin…Il va peut-être aussi falloir que tu propages des moins bonnes nouvelles en semant un peu la peur avec des histoires d’enfer pis de péchers.

- Bin là ! Y’a jamais personne qui va embarquer là-dedans ! Je peux pas dire d’un bord que Dieu est amour pis qu’il pardonne pis après qu’il va les sacrer en enfer si ça fait pas son affaire…le monde va voir que c’est contradictoire…

- Mon gars de la comm il dit que son plan est infaillible. J’ai une garantie de 1700 ans là-dessus.

- Ok…Mais, c’est une job à temps plein, ça. Y’a tu des avantages sociaux, quelque chose ?

- Bin kin ! Je vais t’allouer une couple de miracles pis en plus je travaille présentement sur un système de gradation. Le top de l’échelle ça va être la canonisation. Une fois que tu atteints ça, tu deviens comme une super star. Ton nom va être PARTOUT, pour l’éternité. Le monde se souviendra même plus t’es qui, mais ton nom va être encore là !

- Ok…ça me parle! Je signe où ?


Et c’est comme ça que Martin a commencé à répandre la bonne nouvelle.


Il a tout de même fait 25 ans de service dans l’armée romaine (ce qui est plutôt étonnant compte tenu que l’espérance de vie d’un homme, dans les années 300 était de 27 ans) avant de s’installer à Poitiers, en France , pour y ouvrir un ermitage et rassembler des disciples.


Il semblerait qu’il n’était pas beau à voir, Saint Martin.

Il s’habillait toujours tout croche pis il ne se lavait jamais, les autres membres du clergé ne l’aimaient pas pentoute.

Il a d’ailleurs toujours refusé d’être nommé archevêque parce qu’il ne voulait pas se mêler à leur gang.


Il paraitrait qu'il avait le don de thaumaturgie.

La thaumaturgie, ça permet de ressusciter les morts et de faire des guérisons.

Des vraies de vraies grosses guérisons là.

Pas des petits fini béké-bobo.

C'est un don qui s'est vraiment perdu avec les années que celui de la thaumaturgie, c'est d'valeur !


Donc , il aurait fait quelques resurrections et plusieurs guérisons mais par-dessus tout, il savait changer le crottin d'âne en petits pains-brioches.

Ça devait être plutôt pratique, au Moyen-Age.


Saint-Martin-Pillsbury.


Il a passé tout le reste de sa vie à se consacrer à l’évangélisation.


Il paraitrait qu’un jour, il était sur le bord de l’eau avec des disciples et qu’ils leur auraient dit, en voyant des oiseaux pêcheurs se battre pour des poissons : « Les démons se disputent de la même manière l’âme des chrétiens ». Ses disciples ont trouvé ça tellement inspirant qu’ils ont nommé les dits oiseaux des martins- pêcheurs.


Tu l’avais pas vu venir celle-là, hein ?

Moi non plus !


Le dude a non seulement son nom sur des rues, des parcs, des églises, des villes pis une île mais Y’A AUSSI UN OISEAU en son honneur !

UN OI-SEAU !


Notez que y’a juste en français et en espagnol qu’on rend hommage à Saint Martin avec celui-ci. ( Martin pescador en espagnol )

En anglais, cet oiseau-là ne s’appelle pas Martin-fisher, il s’appelle kingfisher. ( ah ! ces protestants ! )


 Il est mort de cause naturelle le 8 novembre 397, à l'âge de 81 ans et toutes les fleurs de la Loire se sont mises à éclorent en plein mois de Novembre, lors du pèlerinage de ses disciples pour souligner sa mort.


Faque c’est ça.

Si un jour tu sais plus à quel Saint te vouer, tu pourras essayer Saint Martin.


Ça m’a fait plaisir de t’instruire.


De mon côté, j'ai appris deux nouveaux mots : hagiographique et thaumaturgie.

Qu'on me dise après, que ça ne sert à rien, la religion !


OK bye !

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