top of page
facebook.png

LE ZUCCHINI À 100$ USD

Dernière mise à jour : 17 janv.


ree

Ça fait que Dimanche dernier, en après-midi, je suis allée à l’épicerie.

Ah, le dimanche !

Lavage, ménage, épicerie.

Ce n’est pas parce que je travaille depuis un pays étranger qu’il n’y a pas de routine à maintenir !


Je marche jusqu’au Carrefour Hypermercado ( c’est de même que ça s’appelle ) pour acheter les éléments manquant pour mon souper.

Je prends une livre de steak haché, une canne de tomate, de la crème et un zucchini.

Je me dirige vers les caisses.

Elles sont bondées de monde et ça n’avance pas…


Chaque fois que je vais à l’épicerie, je prends les caisses normales puisque je dois passer l’argent comptant qu’il me reste avant de quitter le 25 février prochain vers le Costa Rica, car les bureaux de change sont souvent à court de USD et je ne veux pas rester prise avec des ARS.


Mais bon, c’est dimanche, je n’ai pas envie de perdre 1h aux caisses, j’ai faim, je veux retourner chez moi rapidement donc je décide de passer par les caisses libre-service.

Les caisses libre-service, c’est un tout nouveau concept, ici. Il n’y en avait même pas à Mendoza. On voit qu’elles ont été installées récemment.

L’avantage c’est qu’il n’y a jamais personne aux caisses libre-service car tu dois payer crédit et les gens ici, bin ils n’ont pas de crédit.


Je scanne mon bœuf haché, ma canne de tomates et ma crème que je mets dans mon sac. Je suis les instructions affichées sur la caisse concernant le zucchini.

Recherche d'aliment : Calabacin.

Je le mets sur la balance à légumes,tel que demandé par la caisse puis dans mon sac.

Je paye ma facture et je me dirige vers la sortie.


Il y deux sorties distinctes au Carrefour Hypermercado de Salta : une pour les caisses standards et l’autre pour les caisses libre-service où un agent de sécurité regarde ta facture vs tes achats, comme chez Costco.


Je montre ma facture et mes achats.

Le jeune homme me fait signe de me mettre sur le côté.

Il part avec ma facture et il revient très rapidement.

Il me dit que je n’ai pas payé mon zucchini, qu’il n’apparait pas sur ma facture.


Je suis vraiment surprise, mais je lui offre mes plus sincères excuses dans mon espagnol approximatif et je propose de le payé comptant.

Il voit bien que mon espagnol est faible donc il ne perd pas de temps à me parler, il me fait juste signe d’attendre.


À peine 2 minutes plus tard, je vois apparaitre deux policiers par la porte de sortie qui échangent rapidement quelques mots avec le gars de la sécurité.

A ce moment-là , je me dis : "Bin non, le con ! Il n’a pas appelé la police pour un zucchini !? JE L’AI PESÉ, MON ZUCCHINI, c'est complètement ridicule !!!"


La police vient me voir et me demande de les suivre ( OUI, OUI…JE TE JURE ! )

Je prends mon sac d’achat et je quitte l’épicerie avec les policiers.

Je tente de leur expliquer tant bien que mal qu’il s’agit d’une erreur, que je ne comprends pas pourquoi le zucchini n’apparait pas sur ma facture, que je l’ai pourtant bien pesé sur la balance comme la caisse me l’indiquait, mais rien n’y fait.


Ils me font monter derrière leur voiture et ils m’amènent au poste.

Tout le long du trajet, la seule chose que je me dis c’est « c’est pas sérieux ? On parle de 38 cents, asti. Je ne suis pas réellement en train de vivre ça ? » immédiatement suivi de « j’espère qu’ils vont mettre mon steak haché au frais. »


En arrivant au poste de police, on me demande de leur laisser ma sacoche et mon sac d’épicerie puis on m’installe dans un coin.

Dans ma sacoche il y a : mon cellulaire, 2 pièces d’identification, ma carte de crédit et une liasse de 1000ARS (l’équivalent de 100 USD ).

Je les vois ouvrir et vérifier très rapidement ma sacoche, sans plus.


Ils se mettent à jaser, à remplir des documents…


Je ne sais pas combien de temps s’écoule ( pas très longtemps) mais je fini par demandé, en anglais, si je dois appeler un avocat.

Ils ne comprennent pas.

Je leur fais signe de me donner mon cellulaire, pour le google translate, mais ils refusent.


Je n’ose pas leur dire le fameux « quanto ? » (combien tu veux ??? ), car j’ai fait plusieurs lectures sur la politique en Argentine, précédant mon départ, et je sais que le pays mène un lutte féroce contre la corruption depuis déjà plusieurs années.


Je me dis que le mieux, c’est de rester calme et de me la fermer.

Je suis quand même dans un poste de police en Argentine. J’suis pas chez nous.

Et en plus, de toute évidence, j’ai volé un zucchini.


Après un certain temps, je demande tout de même:

« Disculpa…la carne molina…refregirador por favor ? »

Ouep, je leur ai demandé de mettre ma viande hachée dans le frigo.

Ils ne l’ont pas fait.

Je n’ai aucune idée du pourquoi je fais une fixation sur ma livre de viande hachée à 4.50$, mais c’est comme ça.


Je n'en reviens pas du ridicule de la situation. Je vais quand même pas aller en prison pour un légume !

En fait, dans ma tête, je suis déjà en prison. Bah, je suis dans un poste de police, c’est pas vraiiiiiiment une prison, mais je ne suis pas libre de m’en allée, donc dans ma tête, je suis en « prison ».

C’est la raison la plus poche au monde pour aller en prison, un vol de zucchini !

Je me dis que si je suis incarcérée, je ne ferai pas badass pantoute à côté des autres détenues !

C’est clair que je vais me faire tabasser !

Elles vont me surnommer « calabacin » pour le reste de ma vie.

Calabacin, ça sonne un peu comme « quelle imbécile »…


 Je me demande si ma famille va venir me voir. C’est loin Salta, les vols coutent chers…


Un des policiers arrive enfin et me sort de mon délire imaginaire en me disant que j’ai une amande à payer de 100USD.


MAIS C’EST-TI-PAS UNE BELLE COÏNCIDENCE ! C’EST EXACTEMENT LE MONTANT CASH QUE J’AI DANS MA SACOCHE !


Je me dis très fort : "ferme ta yeule, Claudine"

 et je leur dis : « Of course, no problema »


Ils m’ont redonné ma sacoche de laquelle j’ai sorti le bundle de 1000ARS que je leur ai remis sans ,bien sûr, n’avoir de reçu en échange.


On dirait que la blanche blondinette que je suis avait un beau signe de piastre dans le front, ce jour-là !


Ils m’ont redonné mon sac de courses et j’ai marché l’heure de route, à 32 degrés, qui me séparait de mon appartement parce que j’avais plus une criss de cenne pour prendre un taxi pis évidemment, mon steak haché sentait bizarre quand je suis arrivée, faque je l’ai jetté.


Je suis convaincue qu’un tel évènement ne se serait jamais produit à Mendoza !

Je ne t'ai pas parlé de Salta, cette ville où je suis installée depuis bientôt 2 semaines...

Disons que ce n'est pas un coup de cœur, mais bon, je ne la connaissais pas.

Il faut bien essayer pour le savoir !


La pauvreté, l’itinérance, les problèmes de consommation et la prostitution semblent choses courantes.

La ville, contrairement à sa région, n’est pas du tout touristique.

Il y a un quadrilatère qui est « conservé » de façon décente, là où l’on retrouve les éléments historiques de la ville, mais c’est tout.

Pour le reste, c’est délabré, malpropre et les gens, bien qu’ils ne soient pas méchants, n’y sont pas très accueillants.


Le tourisme est beaucoup plus national qu’international, ce qui fait en sorte que je ne passe pas inaperçue.


Je ne sors pas très souvent.

Je ne m’y sens pas en danger mais je ne m’y sens pas particulièrement bien.


Mon appartement est IDÉALEMENT situé à côté du centre de distribution de la méthadone, à droite et le refuge pour femmes violentées, à gauche.

De plus, je soupçonne que l’offre est beaucoup plus élevé que la demande en ce qui concerne la prostitution car il y a souvent des putes qui se battent devant chez moi, le soir.

Une belle ambiance dynamique, je te raconte pas !


Mais c’est ok, le plan est toujours parfait!

Ça me permet de me concentrer sur le boulot et les projets !


Bref, le lendemain de ma mésaventure j’ai croisé Monica, la proprio du AirBnB que je loue, qui parle très bien anglais. Elle habite l’appartement d’à côté.


Je lui ai raconté ma péripétie, ce à quoi elle m’a répondu, un peu gênée: « Oui, et bien, il fallait en fait leur proposer de l’argent AVANT qu’il ne t’embarque dans la voiture… »

Ooooooh! Merci du conseil. Je note!


Alors à la question : "Pis, la corruption, en Argentine, ça va comment ? "

Je répondrai : "À Salta, la corruption va SUPER bien !"


P.S J’ai mangé mon zucchini à 100USD. Il goutait la liberté avec un arrière-goût d’extorsion. Un vrai régal !

Commentaires


bottom of page