DONT LOOK BACK IN ANGER
- claudinelussier185
- 16 janv.
- 4 min de lecture
Le groupe Oasis a composé une chanson, en 1995, qui s’intitule « Dont look back in anger ».
En Asie, cette mélodie fait fureur, encore en 2022.
Depuis que j’ai mis pied sur le continent, elle me suit, PARTOUT.
Quand j’étais à Kuala Lumpur, c’était la musique d’ascenseur.
Juste elle, à répétition.
Au centre-ville, dans les bars, tous les chansonniers la jouaient, à coup sûr.
A Bali, c’est la même chose, dès que je m’assois dans un resto ou un bar, elle se met à jouer.
Je ne m’étais jamais vraiment attardée aux paroles de cette chanson-là.
Je connaissais le refrain, comme tout le monde, sans vraiment l’avoir analysé.
Hier après-midi, je vais déjeuner dans un petit resto local, près de mon hôtel, à Legian.
La terrasse est bondée.
Je commande un café et évidemment, « Dont look back in anger » se met à résonner, très fort , dans le resto.
Pour la première fois, je porte attention aux paroles.
Je n’ai rien d’autre à faire, je suis seule devant un café et mon internet ne fonctionne pas.
Premier couplet : des larmes se mettent à couler.
Deuxième couplet : je braille.
Refrain : je pleure de façon INCONTRÔLABLE.
Ça y est, j’ai l’air d’une criss de folle.
Je suis assise, toute seule, sur une terrasse bondée de monde et je suis incapable de retenir le déversement de l’océan Pacifique, au grand complet, qui sort de mon corps.
Je vois bien que les gens assis aux tables tout près me font des regards compatissants, mais je ne sais pas comment réagir.
En fait, je suis incapable de réagir, JE BRAILLE MA VIE.
Je ne suis pas une grande émotive en temps normal, je reste même plutôt de glace devant bien des situations, qui normalement touchent la plupart des gens.
Mais là, c’est juste irrépressible.
Je vois que quelqu’un prend place, à ma table, sur la chaise à côté de moi.
Je me lève les yeux.
C’est un jeune homme, il doit avoir 25 ans, tout au plus. Un « surfer boy » d’une beauté qu’il n’y a même pas de qualificatif assez puissant pour décrire. Néo-zélandais ou Australien, sans doute. On dirait que la moitié de la population de Bali est constituée de Néo-zélandais et d’Australiens.
Te dire à quel point je n’ai pas envie de lui jaser ça, ça ne se dit pas.
Les surfer boy, ici, ils ne pensent qu’à surfer, boire des shots de Jager bomb et à…oh well, you know !
Je me suis trouvé un truc, depuis mon arrivée, il y a 3 jours, pour les repousser, gentiment. Je vais toujours prendre un café, vers 20h, avant de commencer ma journée de travail et à cette heure-là, eux, ils commencent (ou continuent) à fêter. Quand ils viennent me voir pour « parler » ou pour me payer un verre, je leur demande : « Dis-moi, toi, la théorie d’Emmanuel Kant, tu en penses quoi ? Penses-tu vraiment qu’il est mort puceau ? « Ça marche plutôt bien ! Ils n’ont pas envie de parler philo, tsé !
Je me dis qu’un jour, peut-être, il y en a un qui va répondre quelque chose d’intelligent OU de très drôle, je contemplerai l’idée d’accepter son verre, à ce moment-là.
Mais bref, revenons à mon tsunami de larmes qui est en train de faire des ravages sur le petit napperon en papier du resto du coin et qui a déjà complètement englouti mon mascara qui s’est empressé de s’enfuir sur mes joues.
Le mec me dit : « Nice day, hein ? I’m Tom »
Je ne réponds pas. Je suis beaucoup trop occupée à essayer de respirer entre 2 déversements.
Il me dit qu’il a 45 minutes à tuer avant que son taxi vers l’aéroport n’arrive et qu’il va les passer à me parler, pour me changer les idées.
J’hoche la tête en signe d’approbation.
Tom m’a alors raconté, dans les moindres détails, le mariage rocambolesque de sa cousine, pour me faire rire.
Une histoire qui implique un curé en état d’ébriété, une tante un peu sénile qui fait une scène et des chèvres qui attaquent la petite bouquetière de 5 ans pour manger ses fleurs. Digne d’un film, je ne te raconte pas !
Suivant cette tranche de vie, qui m’a fait beaucoup rire, j’ai été capable de lui dire mon nom.
Comme tous les anglais incapables de le prononcer, il a décidé de m’appeler « Frenchi ».
Je lui ai brièvement expliqué que c’est la chanson d’Oasis qui me mettait dans tous mes états, que pour la première fois, j’avais pris conscience des paroles.
On a discuté durant les 30 minutes suivantes.
Il était souriant, paisible, il détenait cette espèce de « let it be », cette quasi-nonchalance face à ce que la vie peut mettre sur son chemin. Il y a quelques personnes, qui ont fait apparition dans ma vie, dernièrement, qui possèdent ces qualités remarquables, ce pouvoir-là, que j’aimerais bien avoir aussi.
Une quiétude inébranlable.
Ils m’impressionnent, grandement.
Le taxi de Tom est arrivé. Avant de quitter, il m’a chanté : "please don't put your life in the hands of a rock and roll band, who'll throw it all away" puis il m’a dit : “Don't look back in anger, Frenchi, futur is ahead and he’s fucking bright !”
So don't look back in anger,
I heard you say…
Y’a des vieilles âmes, comme ça, parfois, qui croisent notre chemin.
P.S. Je vais TRÈS bien. Il y a des émotions qui doivent sortir, à un moment précis, je suppose !
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