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LA LEÇON DE GASTON




Je te conterai pas de mensonge.

J’ai rencontré Gaston sur Bumble, en début de semaine.

J’aurais bin aimé ça te dire qu’on s’est croisés quelque part, dans un café ou au musée, mais non.


On s’est « likés » sur Bumble.


Gaston a 36 ans, il est originaire d’Argentine, il gagne principalement sa vie comme mannequin pour des grandes marques de vêtements sportifs.


Est-ce qu’il est beau ?

Bah, j’ai rarement croisé, dans ma vie, de physique aussi esthétiquement parfait que le sien, mais Gaston il est plus que ça.


Ce gars-là rayonne à des miles à la ronde et ce, pour 2 raisons :


1. Il est présentement en train d’accomplir son rêve de traverser l’amérique du sud à vélo et ça le rend fondamentalement heureux.

Quelqu’un d’heureux, qui accompli ses rêves, ça t'illumine une pièce !


2- Il se contre-fou d’être beau. En fait, il n’a même pas conscience à quel point il est wow ce qui le rend encore plus wow.


Il trouve que son métier est superficiel et il n’en tire pas vraiment de valorisation. Il le fait pour l’argent, pour pouvoir continuer de voyager.


Notre conversation sur le réseau fut assez brève :

-Salut beau gars, t’as envie d’aller prendre un verre ?

-Salut belle femme, donne moi ton adresse, je passe te prendre.


Il est arrivé chez moi lundi en fin de journée.

On a eu beaucoup de plaisir.

Aux petites heures du matin, je lui ai fait comprendre qu’il était temps qu’il rentre à son hôtel.

Il m’a dit : "Mais ton lit est si confortable..."

Ce à quoi j’ai répondu : "Je suis certaine que le tient aussi. Bye là !"


Il est embarqué sur son vélo et a rejoint son hôtel.


Le lendemain, vers 15hrs, il m’a envoyé un message : « T’as des plans pour ce soir ? Je t’amène souper. »

L’ultra indépendante en moi s’est braquée et s’est dit « No way », on s’est vue hier !

Puis je me suis calmée et j’ai réfléchie.


« Je vais souper avec Gaston top modèle ou je mange un yaourt toute seule sur mon divan en répondant à des courriels…enwaye, sors de chez vous »


Je suis allée le rejoindre dans Barranco, le quartier bohème de Lima. On a visité le secteur, on a beaucoup ri, bien mangé puis on est rentrés chez moi et Gaston n’en est repartie que ce matin.


Durant les 2 derniers jours, suivant mes heures de bureau, on en a profité pour parcourir les différents quartiers de la ville. On s’est émerveillés du street art, on s’est mis les pieds dans l’océan, on a " frencher" sur le pont des soupirs, on a visité le musée d’art contemporain puis hier on a écouté Top Gun, sur Netflix.


Je n’avais jamais écouté Top Gun de ma vie. Je n’avais pas ouvert Netflix depuis des lunes, encore moin pour visionner quoi que ce soit collé avec un beau gars sur un divan.

Dans la liste des choses que je ne fais jamais, il y a ça.


Ce matin, Gaston a pris son vélo et il s’est mis à pédaler les 198km qui le séparent de sa prochaine destination.

On s’est dit aurevoir, le sourire aux lèvres, sans larmes, sans promesse, sans attache, sans lourdeur.


Ma maison est vendue !

Je suis maintenant officiellement homeless, SDF, nomade.

A 41 ans, j’ai atteint ma vision à moi de la liberté.

Pas la financière.

Pas encore ! Mais ça me va, parce que mon job c'est ma vie, c'est ce que je suis et c’est en grande partie lui qui me permet d’être libre.


C’est fucké, la liberté.

Ça donne le vertige.

La plupart des gens courent après elle toute leurs vies.

Pis pourtant, quand on l'obtient, on ne sait pas trop quoi faire avec.

C'est comme se retrouver devant un grand vide.

Mais je préfère appeler ça un monde infini de possibilités.


Ma vie tiendra, dorénavant, dans 23 kilos.

Ce n'est plus une question d'avoir, mais d'être.

Plus une question de ce que je possède, mais de qui je suis.


Une des craintes que j’avais, de ne plus avoir d’encrage, c’était celle de devoir renoncer entièrement à ce genre de moment qui me font du bien et dont j’ai besoin.

Ce partage avec quelqu’un, ces moments d’intimité, de love, de chaleur.

Je commençais à croire que personne ne comprendrait jamais cette réalité qu'est la mienne.

Ce besoin de « faire le plein » de love, une fois de temps en temps, mais ne pas être capable de le prendre et de le donner à temps plein parce qu'il me donne l’impression de suffoquer.

Pis la vie a entendu mes craintes, puis comme pour me dire que tout allait bien se passer dans ma nouvelle liberté, elle m’a envoyé Gaston.


Durant les 3 derniers jours, Gaston et moi, on s’est donné ce dont on avait besoin ; un peu de love et un semblant de « normalité ».

On s’est donné de la compagnie, sans avoir à la justifier, à l’expliquer, à la nommer .


Pourquoi les gens sont toujours aussi pressés à mettre un statut, une étiquette, sur une relation humaine?

Pourquoi il faut trouver un titre à chaque histoire ?


On a simplement vécu et partagé notre liberté, ensemble, durant quelques jours.

Pis ça, je trouve ça beau et ça m'a fait le plus grand bien.


Maintenant, je sais que tout ira pour le mieux, qu’il y a des gens comme moi, qui errent un peu partout, sur notre belle planète !

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