LA FOIS OÙ KARINE S'EST PISSÉE DESSUS SUR PICCADILLY ROAD ( et que j'ai ri fort )

Ça fait qu'on avait 11hrs d'escale à Londres avant de prendre notre vol vers Johannesburg, Afrique du Sud, notre dernière connexion avant Windhoek.

Comme Karine n'avait jamais vu Londres, on avait décidé de se rendre au centre, à Westminster et de là emprunter le Up on up off qui propose 3 routes touristiques distinctes.

J'adore les Up on up off dans les grandes villes, mais celui de Londres m'a toujours laissé perplexe.

Je trouve qu'il est cher, qu'il ne fait pas tous les essentiels et il est plus souvent qu'autrement pogné dans le trafic. Mais avec nos valises en carry on et la nuit blanche qu'on venait de se claquée en vol, il s'agissait de la meilleure option.

On embarque dans le bus en face de big Ben.

On fait la ligne rouge.

Trajet d'environ 2h30.

Sur le trajet du retour, le chauffeur nous annonce que compte tenu d'un trafic trop dense, il va déroger de l'itinéraire habituel et nous aviser quand nous retournerons sur la route prévue.

Karine me regarde et me dit :

-Est-ce que tu veux qu'on débarque ici et qu'on s'installe dans un pub pour prendre un verre?

-Allright!, on va juste faire sûre d'être pas trop loin d'une station de métro de la ligne Piccadilly"

J'attends de voir passer une station de notre ligne pour dire à Karine de demander l'arrêt.

Karine demande l'arrêt, on se dirige vers la porte mais le chauffeur refuse d'ouvrir.

Karine me dit:

-J'ai envie de pisser, faut que je sorte d'ici.

Je demande au chauffeur de nous laisser débarquer mais il dit non.

Il n'est pas sur sa route.

Il y a trop de trafic.

C'est trop dangereux.

Je vois que Karine commence à se dandiner comme une enfant.

Je regarde le chauffeur qui s'engage dans de nombreux détour.

"Let us out here, please ?"

Il refuse et prend Piccadilly road.

Il est 15h30 à Londres, l'avenue est bloquée bord en bord. Karine dit au chauffeur, sur un ton entre la supplication et la frustration :

"I neeeeeed to peeeeeeeeeee! stop the bus ! "

Il se tasse , ouvre enfin les portes et nous laisse sortir.

Karine regarde partout désespérément : aucune toilette en vue.

Elle fige d'un coup , me regarde et me dit " je vais me pisser dessus"

Le tableau de Piccadilly road est celui-ci : des piétons à la centaine, PARTOUT.

Un trafic monstre avec à peu près 8 bus 2 étages de touristes qui n'ont rien d'autre à faire que de regarder dans la rue et une bonne douzaine de travailleurs de chantier qui "patch" on ne sait pas quoi.

Je dis à Karine :

-Bin non, arrête, y'a un Starbucks juste-là, à 200 mètres. Vas-y court !!!

Mais elle ne court pas.

Elle s'accroupit à côté de sa valise, entre un kiosque de vendeux de cossins et une poubelle, elle me regarde et me dit :

- J'me rendrai pas au Starbucks, criss, TU COMPRENDS PAS, j'ai eu 2 enfants mouaaaaaa. Je vais me pisser din culotte!!!!

À ce moment-là, j'éclate de rire.

Je suis incapable de me contrôler.

Je ris fort , à en pleurer, ce qui ne fait rien d'autre que d'attirer l'attention des passants vers nous et de faire rire Karine qui se fait un peu plus pipi dessus chaque fois qu'elle rit.

Tout en riant et en ayant de l'urine qui lui coule sur le bord des jambes, elle me dit :

-ARRÊTE DE ME FAIRE RIRE, CRISS ! C'EST PAS DRÔLE!

Moi, je trouve ça vraiment drôle.

Ma chum est accroupie sur Piccadilly road, devant des centaines de passants et des bus touristiques qui ont vue panoramique sur nous et elle se pisse dessus.

J'me peux pus.( Mais c'est rempli d'amour et de bienveillance là!)

Karine se raissasie.

Elle se lève, jambes croisées et fond de culotte mouillé, elle agrippe sa valise et se met à courir vers le Starbuck avec le même déhanchement que ceux qui font de la marche rapide .

Elle échappe sa valise en route.

Je lui crie de continuer, que je m'en occupe et je la vois disparaître dans l'entrée du Starbuck.

J'arrive 2-3 minutes plus tard dans l'entrée du Starbuck, 2 valises en main et j'éclate de rire à nouveau.

J'ai de la difficulté à respirer tellement je ris.

Karine est là, pliée en deux, en line up pour les toilettes.

On a l'air de deux criss de folles.

Moi qui entre, deux valises à la main, en éclatant de rire et Karine pliée en deux dans le line up des toilettes du Starbucks bondé de Piccadilly road.

Karine a finalement accédé aux toilettes, elle a fait pipi pendant au moins 5 minutes, elle s'est changée puis elle est sortie.

Moi, j'étais encore en train de pleurer de rire.

De là est née notre nouvelle expression :

 " Y'a pas de quoi pisser sur Piccadilly road"

qui veut dire :" Rien ne presse "

ou sa variante

" On pissera pas sur Piccadilly road pour ça"

qui veut dire : " On se calme, y'a pas le feu"

Comme Karine a un humour sans pareil et qu'elle fait preuve de beaucoup d'autodérision, elle m'a permis de vous conter ça.

On arrive tout juste en Namibie , après un retard de 4hrs à Londres qui nous a fait manquer notre connexion de Johannesburg vers Windhoek.

Notre périple est donc retardé d'une journée mais tsé... C'est la vie! Y'a pire !

Les animaux seront là demain...y'a pas de quoi pisser sur Piccadilly road !

À plus là!